mardi 23 mars 2010

Follow me

Je déménage!
http://cuirderussie.hautetfort.com

A bientôt

vendredi 12 mars 2010

Les locataires de l'été de Charles Simmons

C'est pendant l'été de 1968 que je tombais amoureux et que mon père se noya : voilà comment débute Les Locataires de l'été.



Sur la plage du Cap Bone où ses parents possèdent une maison de vacances, Michael 15 ans tombe amoureux de Zina, 20 ans, qui loue avec sa mère un petit pavillon sur leur propriété. Tout va pour le mieux car elle semble s'attacher à lui mais les choses n'avancent pas aussi vite que le rêverait Michael. Pendant qu'il fait sa cour, il observe aussi les allées et venues des adultes -ceux-ci l'acceptant avec une facilité quelque peu déconcertante dans leur cercle- qu'il croit comprendre. C'est qu'au jeu des observations, son amie Hillyer est un peu plus fort que lui. Et le drame annoncé dès l'incipit se produit. Peut-être aurait il mieux fallu pour Michael demeurer à l'état d'innocence quelques pages de plus...



Charles Simmons est un écrivain américain dont j'ignorai l'existence jusqu'à ce qu'à ce que la couverture de ce livre me fasse de l'oeil. Et oui je suis faible : Edward Hopper+Phebus Libretto = objet du désir. Et je ne regrette pas d'avoir déboursé 1 euros 50 chez Boulinier pour assouvir ma nouvelle envie de collection de Libretto parce que j'ai vraiment adoré ce roman. Le style est très simple ( mais c'est un compliment) et les phrases sont épurées d'adjectifs qualificatifs comme truculent qu'on ne devrait plus retrouver dans aucun livre rédigé après 2003. Pour reprendre Lily, je dirais que ce roman n'a pas un gramme de trop, et c'est vraiment agréable de lire un texte aussi parfaitement maîtrisé.

Les locataires de l'Ete est un roman d'apprentissage troublant, mais absolument pas pervers. Ce qui m'a troublé c'est la facilité déconcertante des relations entre les adultes et Michael. Dans ce roman, jamais les adolescents ne sont mis à l'écart des adultes, ils partagent leurs conversations et leurs verres de vodka et tout cela semble naturel. Ce n'est pas l'idée que je me faisais de la société américaine des années 60, et même de la société actuelle. Mais leurs échanges d'égaux à égaux ne sont pas du tout malsains. C'est ce qui m'a marqué le plus dans ce livre. La relation entre Michael et son père est d'ailleurs une des plus belles relations père-fils qu'il m'ait été donnée de lire, même si je dois bien l'avouer, j'ai eu affaire à bien peu de relations père-fils dans ma vie de lectrice.

Pour parler de littérature en général, la lecture des Locataires de l'été marque ma première réelle incursion dans la littérature américaine dite contemporaine et j'ai hâte de continuer mon exploration. Et donc OUI, je vous le recommande plus que chaudement!

lundi 8 mars 2010

La lamentation du prépuce de Shalom Auslander




Shalom Auslander n'est peut-être pas l'homme le plus drôle du monde, mais il est près du but, assurément. Dans La lamentation du prépuce, son premier roman, il est presque parvenu à me faire mourir de rire. Il faut croire que mon heure n'était pas encore venue ou que Dieu ne m'en veut pas tant que ça.

Shalom, 35 ans va bientôt devenir père pour la première fois. Mais comme Dieu lui en veut, il va certainement tuer sa femme et l'enfant qu'elle porte. Pourquoi Dieu lui en veut-il, lui qui est censé n'être qu'amour et lumière ? Parce que Shalom vient d'une famille juive orthodoxe et qu'il mange en cachette du porc et des trucs non cachères depuis qu'il a 9 ans. Dans la famille de Shalom, Dieu n'est pas un type très sympa, bien au contraire. Donc Dieu va se venger et faire le faire souffrir en lui prenant ce qu'il a de plus cher au monde.

Ca pourrait être un livre très dur qui deviendrait un film très dur (et très bien) réalisé par Amos Gitai, mais c'est plutôt drôle. En vrai je crois que la jeunesse de Shalom Auslander n'a pas été trés facile, mais il sait la raconter avec tellement d'ironie et de sarcasme que ça en devient génial.

J'ai mis un peu de temps à lire ces 300 pages, parce que ce n'est pas un roman avec une vrai intrigue. Je lisais deux ou trois chapitres et je je le reposais. Je me suis même forcée à le lire sans commencer autre chose pour en parler ici rapidement, non pas que le livre soit mauvais, mais que je n'arrive jamais à lire d'une traite les livres d'humour.

Je pourrais en dire plus, mais je m'aperçois que pour parler d'un livre "drôle" le mieux au fond c'est d'en citer un extrait. Voilà celui qui m'a fait le plus rire :

"Mes professeurs m'ont enseigné qu'un juif qui met la honte à ses coreligionnaire commet un péché que la mort venue d'en haut punira, et j'ai bien peur que ces récits entrent dans ce cas de figure. Mais je respire un bon coup, et je me dis qu'Aron Spelling va très bien, et si lui n'est pas un sujet d'embarras pour son peuple, je me demande qui peut bien l'être... -Et Aaron ? dis-je à Dieu. Va embêter Aaron!"

Nous sommes le 8 Mars 2010, Pax Auslander et ses parents Orli et Shalom sont toujours en vie, ils vivent à Woodstock et Shalom a publié un deuxième livre : " Attention, Dieu méchant". Aaron Spelling est mort, mais c'est parce qu'il était vieux. Les vieillards ont tendance à disparaître assez régulièrement. C'est sa fille Tori qui a repris son rôle de "sujet d'embarras". Si j'étais elle, je ferais attention...

samedi 6 mars 2010

An education de Lone Scherfig



Jenny Mellor, 16 ans au début des années 60 ( la garce!) excelle en classe de littérature ( Rochester aussi, ça aide à exceller!) mais est trop moyenne en latin. Le mignon Graham la drague un peu pendant qu'ils répètent à l'orchestre mais ses parents ne l'aiment pas trop. Le genre de ses parents c'est plutôt David Goldman qui a le double de son âge mais mène grand train. Jenny se laisse facilement convaincre : étudier c'est bien mais acheter du Burn-Jones et danser dans les club à la mode c'est mieux. Avec David Jenny a le sentiment de vivre, et ce sentiment lui plait plus que d'étudier le latin. Avec l'aval de ses parents qui oublient vite Oxford, Jenny accepte de se fiancer.

David est un personnage original dans la petite vie bien rangée que Jenny mène à Twickenham. Il fume des cigarettes française, il roule en Bristol et son meilleur ami collectionne les oeuvres d'art. Jenny ne sait pas trop comment il gagne sa vie, elle le devine, n'en est pas trop satisfaite mais préfère toujours ça à étudier le latin. Et puis il l'emmène à Paris... c'est tout de même plus chic ( en français dans le texte) que d'aller au concert de son école de fille!

Pour vraiment comprendre An Education, il faut savoir que dans un anglais noble et aujourd'hui un peu désuet " to be educated" ne voulait pas dire qu'on ne sortait pas d'une grotte néolithique, mais qu'on sortait d'Oxford ou de Cambridge. Etait "educated" celui qui était allé à l'université, et il fût une époque aujourd'hui révolue où en dehors des compétitions d'aviron oxbridgienne il n'y avait point de salut!

A la place d'une éducation classique à Oxford, David( qui n'est pas educated, c'est un self made man!) offre à Jenny une éducation IRL si l'on peut dire. C'est fou comme un titre de livre et de film peut vous faire réfléchir au sens d'un mot, au sens des choses... Faut il mieux analyser des livres et des idées ou faire de sa vie un roman ? Lynn Barber, la journaliste anglaise dont s'est inspiré Nick Hornby pour écrire le scenario de ce film, a eu la chance de vivre les deux. Elle a eu le beurre et l'argent du beurre ce qu'elle explique très bien dans cet article que je vous invite à lire.

Bon parlons de cinéma au moins un tout petit peu. Il m'a beaucoup plu et je crois que c'est là l'essentiel, non ? Carrey Mulligan que j'adorais déjà parce qu'elle a un passif Austenien et BBCien plus que convaincant ( Pride & Prejudice, Northanger Abbey, Bleak House) est vraiment parfaite. Et oui elle se transforme très bien en Audrey Hepburn, si tout le monde le dit c'est que c'est vrai! Peter Sarsgaard est parfait lui aussi, mais il est humain, et allongé sur son lit avec un marcel il fait aussi pervers-pépère que les autres. Dominic Cooper est génial en collectionneur d'art de Bedford Square ( what a flat mes amis, what a flat!) et Rosamund Pike est... éblouissante. Oui déjà c'est une des plus belle fille du monde, mais alors là elle joue les idiotes à merveilles. Elle n'en fait jamais trop, ne tombe pas dans la niaiserie ne rit pas bêtement. Elle est idiote comme il faut sans avoir l'air de sortir d'une émission de télé-réalité sur des starlettes américaines... Les parents de Jenny aussi sont très bien, eux aussi sont charmés par David et semblent revivre à son contact.

Ah oui et aussi avant de tellement vous ennuyer, j'ai adoré les références à Rochester et son aveuglement. Mais je n'en dis pas plus, il faut voir le film pour comprendre. Je crois que cette partie vient du scenario, mais c'est plutôt bien vu.

mardi 2 mars 2010

Un amour vintage d'Isabel Wolff





Autant vous le dire tout de suite : je n'aime pas Isabel Wolff. Enfin pas elle, ses livres. En février 2002 si je me souviens bien, j'avais lu " les tribulations de Tiffany Trott" et je n'avais pas du tout aimé. A l'époque, j'avais trouvé que c'était honteusement pompé sur Bridget Jones. Mais à l'époque, on ne parlait pas encore de "chick-litt", j'étais loin de m'imaginer que des douzaines d'héroïnes célibataires et gaffeuses allaient venir envahir les étals des libraires.

Et puis les titres reprenaient tous le même schémas :Les mésaventures de Minty Malone, Misérable Miranda, Rose à la rescousse... Non, franchement ça ne me disait rien du tout. Et je les ai soigneusement évité pendant une petite dizaine d'année. Et pour être sincère, même aujourd'hui ça ne me tente pas.

Pourtant, j'ai eu très envie de lire Un amour vintage, parce qu'Emjy me l'avait conseillé. Après une petite balade chez Gibert samedi dernier qui m'a offert la chance de le trouver au prix de 6 euros, je suis rentrée chez moi avec le livre dans la poche. Grand bien m'en a pris!

Tout d'abord, pas d'héroïne gaffeuse à la recherche du grand amour. Phoebe Swifft, c'est tout le contraire! Très affectée par la mort de sa meilleure amie dont elle se sent responsable, cette brillante commissaire-priseur spécialisée dans la mode chez Christies, décide d'ouvrir une boutique de vêtements vintage dans le petit quartier londonien où elle habite. Dans un roman de chick litt classique, elle serait en procès avec son voisin le fleuriste et à la fin ils se marieraient et auraient beaucoup d'argent. Mais là c'est un peu moins facile que ça et je crois ne pas me tromper en disant qu'on se demande jusqu'à la fin avec qui Phoebe finira et surtout si elle finira avec quelqu'un. C'est plutôt bon signe de commencer un roman chick-litt sans deviner la fin au bout de 3 pages dès qu'un mâle pointe le bout de son nez!

A côté de ça, il y a bien évidemment quelques petites critiques à faire : les robes magiques qui font le bonheur de leurs clientes ( pour le coup là c'est cousu de fil de soie blanc vintage!), les clientes gentilles comme tout, la jeune ado de 16 ans aussi détestable qu'il est permis de l'être, et cette charmante vieille dame qui a tant de chose en commun avec l'héroïne! Et puis la provence et ses vignobles, qui font tant rêver les anglo-saxons... Mais bon, ça n'entache pas vraiment le roman.

Petit à petit on découvre pourquoi Phoebe se sent coupable de la mort de son amie Emma, on la voit exorciser ses vieux démons en aidant une autre femme à vaincre les siens et tout cela est très agréable. Et puis aussi mention spéciale à la mère de Phoebe, qui n'est pas du tout une mère de chick litt qui cherche à tout prix à voir sa fille casée. L'histoire des parents de Phoebe est d'ailleurs assez originale et touchante. Un bon point.

Un autre bon point c'est la façon très visible dont Isabel Wolff s'est documenté pour écrire son roman. L'héroïne est une passionnée de vieux vêtements ( le mot vintage m'énerve un peu depuis qu'on trouve du H&M vintage sur ebay!) et j'ai été bluffée par tous les noms de maisons de couture aujourd'hui oubliée qu'on retrouve au détour d'une ligne. Non mais voilà Fortuny quoi, qui parle encore de Fortuny aujourd'hui ? Ca m'a donné envie de ressortir des étagères mes vieux livres d'histoire de la mode... Isabell Wolff n'est pas une modeuse du net qui saute au plafond en croyant découvrir une nouvelle styliste qui s'appelle Sylvia Rielle ou pire qui prend Sport Max pour une ligne de jogging! Donc je ne peux que dire chapeau, elle a ouvert des vrais livres sur le sujet!

Bref toutes les comédies romantiques ne sont pas des réussites, idem pour les romans de chick-litt, mais celui là est une bien jolie surprise que je vous recommande!

lundi 1 mars 2010

Dance me to the end of love

version Jack Vettriano


Et version Madeleine Peyroux

jeudi 25 février 2010

A single man de Tom Ford



George Falconer, un professeur de littérature (sans doute à UCLA) décide de mettre fin à ses jours parce qu'il n'arrive pas à survivre à la mort de Jim, son compagnon. C'est sa dernière journée, entrelacée de quelques souvenirs furtifs, que nous donne à voir Tom Ford.

George ( Colin Firth, aussi parfait que Colin Firth peut l'être) se réveille après un cauchemar et en se tournant dans son lit, se rapelle qu'il vit désormais seul. Il n'a pas réussi à mourir dans son sommeil comme toutes les autres nuits, et décide alors que cette journée sera sa dernière journée.

Il se prépare, répond au coup de téléphone matutinal de son amie Charley ( Julianne Moore plus belle que jamais) tout aussi seule que lui, salue une dernière fois sa femme de ménage, monte dans sa voiture et se rend à l'université pour donner un dernier cours sur Aldous Huxley. Il fait aussi d'autres choses comme aller vider son coffre, préparer son suaire et vider son bureau sous l'œil intéressé d'un de ses élèves ( Nicolas Hoult, qui a bien grandi depuis About a boy et qui porte le jean blanc et le pull angora à la perfection), rencontrer un gigolo espagnol des plus sensuel, danser un twist et se faire offrir un taille crayon. Et bien sûr, se souvenir de Jim( Matthew Goode) de leur rencontre, de leur dernière conversation, et de plein d'autres choses parce que les gens qui s'aiment pendant seize ans ont forcément beaucoup de souvenirs.

Il était légitime de se demander si Tom Ford allait réussir son premier film ( Je dis premier parce que j'espère qu'il y en aura d'autres) mais depuis la dernière Mostra de Venise il n'y avait plus aucun doute à se faire. Tom Ford après avoir été un styliste brillant est devenu un réalisateur brillant. Quand il déclarait, en quittant Gucci, qu'il pensait au cinéma c'était pour être derrière la caméra. Heureusement pour nous, il ne sera jamais Cindy Crawford.

Le film ne se focalise pas que sur l'histoire d'amour brisée entre George et Jim, il y a une vrai réflexion sur la peur et la connerie humaine. George se désespère d'apprendre la littérature à des gens qui ne pensent qu'à rentrer chez eux pour regarder la télé. Un de ses collègues ( Lee Pace) ne parle que de l'abris anti-atomique qu'il fait construire sous son jardin pour protéger sa famille des Russes. ( L'histoire se passe en pleine crise des missiles de Cuba). Et surtout il y a ce fabuleux passage sur Aldous Huxley où George Falconer explique à ses élèves que la haine vient de la peur.





Les couleurs changent au gré de l'état d'esprit du héros ( je vous ai dit à quel point Colin Firth méritait l'oscar ? pas encore ? Il le mérite!) ( et plutôt deux fois qu'une!) et on passe d'un gris-bleu dépressif à des couleurs plus chaude au fil de la journée. Les souvenirs avec Jim sont flamboyant qu'ils soient en couleur ou en noir et blanc -n&b qui fait penser à celui du Ruban blanc, avec un peu moins de soleil.

Ah oui un mot sur la musique, parfaite, géniale, sublime, je veux créer des musiques de film quand je serais grande! Elle est signée Abel Korzeniowski. Et puis on entend Le serpent qui danse par Serge Gainsbourg. ( Il est bien ce Tom Ford tout de même!)

mercredi 24 février 2010

Le Serpent qui danse

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur!

Charles Baudelaire




dimanche 21 février 2010

J'écoute aussi de la musique!

Mais oui Mais oui je suis absolument parfaite dans mon genre! On pourrait presque dire qu'il ne me manque que la parole :D

Ce soir ( et les jours qui suivent) je vous propose de découvrir Lyon Presqu'île, une chanson du brillant & talented Benjamin Biolay ( que j'aime bien depuis son premier album Rose Kennedy) et qui a le bon goût de magnifier le quartier où j'habite depuis 12 longues années. Cette chanson, c'est dire si je la kiffe donc!




Merci à la parfaite parfaite Simone de Bougeoir d'en avoir parlé récemment!

La gouvernante française d'Henri Troyat

L'héroïne, la gouvernante française c'est Geneviève, 27 ou 28 ans en 1917. Elle a quitté Paris pour aller s'occuper des petits Borrisov, fils d'une riche famille russe plutôt sympathique. A travers elle, on découvre la vie de la grande bourgeoisie russe mais aussi la colère qui gronde chez leurs employés et dans le peuple russe. Elle se plait dans son pays d'accueil, si bien que malgré la révolution, malgré la fuite des Borrisov, malgré l'appartement qu'elle doit partager avec des gens qu'au fond, elle comprend peu, elle reste en Russie au lieu de rentrer en France comme la plus part de ses collègues. Et puis il y a Maxime, le cousin de ses patrons, qu'elle ne peut se convaincre d'abandonner...



Henri Troyat est mort il y a quelques années déjà, c'était un vieillard mais il n'a jamais arrêté d'écrire. Je n'ai pas lu tous ses livres loin de là! Je me souviens avoir nourri pendant quelques mois une folle passion pour ses romans lorsque j'étais au collège. Passion initiée par Viou puis ses suites A demain Sylvie et Le troisième bonheur qui comptent encore aujourd'hui parmi mes livres préférés, mais aussi passion qui comme toutes les passions a fini par s'essouffler. Cela fait donc bien 12 ou 13 ans que je me souviens avec nostalgie de ses écrits et surtout de cette gouvernante française qui m'a fait découvrir la Révolution d'Octobre. Bah oui quoi, je ne suis pas Gilbert Becaut, je n'ai pas rencontré Natalie sur la place rouge qui était vide.

Il y a deux ans, au hasard d'une discussion sur un forum littéraire ( Lambton pour ne pas le citer), je me suis souvenue de l'affection que j'avais eu adolescente pour l'histoire de Geneviève, des riches russes libéraux ou pas et de ses amis qui ont cru que la Révolution ferait le bonheur du peuple. Sauf que of course, le livre qui avait été réédité au début des années 2000 ne l'était plus. J'ai fait tous les bouquinistes du monde mais rien. Je l'avais repéré d'occas sur internet, mais je préférais attendre d'avoir la chance de le retrouver IRL. C'est aujourd'hui chose faite, et même chose deux fois faite! On n'est jamais assez prudent ( Et puis la couverture de l'édition j'ai lu était très vilaine)

Donc constat, en 2010 j'aime toujours ce livre que j'ai lu en 1997. Je le trouve toujours agréable et bien écrit ( Henri Troyat n'a pas volé son fauteuil sous la coupole, n'est pas VGE qui veut!) et Maxime, le jeune journaliste pauvre et idéaliste ( Note pour plus tard : recenser tous les journalistes pauvres et idéalistes qui peuplent la littérature) a un certain charme. Ça doit être l'âme slave!

Bref si vous aimez la russie, si vous avez envie d'en savoir plus sur son histoire "rouge" mais pas du tout d'une façon trop manichéenne ni en lisant un procès à charge contre "ces affreux bolcheviks", je ne peux que vous conseiller ce livre. Le conseil est le même si vous avez juste envie de lire un bon livre. Mon édition grand-format fait 225 pages.

vendredi 19 février 2010

La bonté : mode d'emploi de Nick Hornby

Ce qu'il y a bien chez Nick Hornby, c'est que c'est un auteur qu'on ne présente plus. Pas besoin d'aller wikipédier sa bio pour faire comme si on était très très intelligent et tout et tout. Nick Hornby est anglais, il rencontre un succès fort mérité parce que ses livres sont bien et ses livres sont parfois brillamment adaptés ( surtout High Fidelity en fait)



How to be good, ou La bonté mode d'emploi n'est pas le plus connu de sa petite dizaine de livres, mais c'est celui qui a ma préférence. La raison est assez simple, je me reconnais assez en Katie l'héroïne.

Kate, une bonne trentaine d'année est "juste quelqu'un de bien", elle est médecin et au lieu de gagner des milles et des cents dans une clinique privée, elle bosse dans un dispensaire publique anglais. Elle est travailliste alors que ses parents sont de fieffés conservateurs et elle se dévoue à sa famille.

Jusqu'au soir où elle trompe son mari à la suite d'une convention. Parce qu'en fait, Kate en a marre de lui, de son côté raleur et de sa fichue chronique dans le journal local où il est chaque semaine " l'homme le plus en colère d'Holloway" la petite banlieue londonnienne où ils habitent. Elle ne supporte plus son côté aigri, ses incessantes râlleries contre absolument tout le monde, les petits vieux qui ne marchent pas assez vite sur les trottoirs, les gens qui ne trouvent pas leur carte-bleue aux caisses de Tesco et les gamins qui font du bruit en sortant de l'école...

Alors elle décide de divorcer.

Et là électrochoc total chez son tendre époux, qui du jour au lendemain, suivant les principes du Dr Feelgood, un médecin néobab qu'il accueille sous leur toit, décide de devenir la bonté incarnée. Adoption d'enfants SDF, don des jouets aux enfants du quartier, après-midi passées à jouer aux cartes avec les vieux du quartier : tout y passe. Et ce qui sur le papier est admirable devient l'enfer sur terre... Enfer qui ne peut que faire rire le lecteur!

Pour la première fois chez Hornby, l'héroïne était une femme et je trouve qu'il s'en sort plutôt bien. Comme quoi tous ces trucs d'esprits féminins, c'est un peu surfait!


Nick Hornby est un écrivain pop star, ses livres devraient être vendus avec des playlists spotify en préambule. Ils sont donc comme des chansons pop : ça a l'air léger, c'est léger mais ça fait réfléchir plus qu'on ne le croit au premier abord. Contrairement aux écrivains français contemporains qui nous offrent soit du niais ( chut chut pas de marque) soit des auto-fictions assez narcissique ( mais parfois plaisantes), il sait créer des personnages un peu dingues mais crédibles. Bref il sait dépeindre ses contemporains avec humour certes, mais réalisme. Je le considère comme un Amnistead Maupin des années 90/2000.

La bonté mode d'emploi est donc en quelques sortes un livre qui pousse à la réflexion et qui fait comprendre que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Je suis la première à essayer de faire toujours le bien, à me battre contre l'égoïsme, à vouloir être gentille. Et donc il m'arrive souvent ( très souvent pour être honnête) d'être peinée par l'attitude d'autres personnes, ce qui me va jusqu'à m'atteindre parfois physiquement. Mais grâce à Nick et à Kate, je culpabilise beaucoup moins quand je suis égoïste ou un peu méchante. Enfin bon, mon côté vengeur masqué n'a pas non plus disparu, j'essaye juste d'y avoir recours avec un peu plus de mesure.

J'avais lu sur son site officiel, il y a de ça quelques années, que Colin Firth avait l'intention de s'investir dans une adaptation cinéma, car il est très ami avec Nick et qu'il avait été déçu que les producteurs américains de About a boy lui préfèrent Hugh Grant, plus bankable à l'époque. J'ignore tout à fait où en sont les choses aujourd'hui, mais j'espère un jour voir cette adaptation!

One of my favorite things about Nick Hornby is the fact that , being now pretty famous, there are no need to introduce him. Hourra, no wikipeding and no " Ahahaha look how clever I am, I can copy-paste wikipedia in less than a click". By the way, he's worth it ! His fame didn't came from any breast-increasing surgery ( This was Jordan) but from brilliant books and a couple of films.


jeudi 18 février 2010

La princesse et la grenouille

Il n'y a pas à dire, chez Disney, ils savent comment s'y prendre pour faire venir dans les salles de cinéma des jeunes femmes sans enfants. Ils leur servent sur un plateau doré un dessin animé à l'ancienne avec une princesse dans le titre. Et hop, ça marche. Formatés par des siècles de pseudo virilité exacerbée, peu de jeunes hommes iront en bande suivre les aventures de Tiana et de son prince grenouille. Mais ça, c'est un autre débat...

La princesse et la grenouille c'est donc l'histoire de Tiana, une jeune femme noire qui trime à la Nouvelle-Orléans pour ouvrir le restaurant dont rêvait son père. Oui le dit papa est mort avant de pouvoir acheté ne serait-ce qu'une marmite moins cabossée pour faire du gumbo.

La meilleure amie de Tiana est blanche de chez blanche, mais pas méchante. Non chez Walt Disney on ne va pas jusqu'à dire aux enfants que les américains blancs dans les années 20/30 étaient encore majoritairement racistes. C'est un conte de fée pour enfant c'est vrai, mais il est dommage que les studios Disney n'aient pas joué le jeu jusqu'au bout en montrant au moins quelques racistes. Parce que là, voir Tiana et sa mère monter dans le même bus que les blancs et s'assoir au milieu d'eux, voir Big Daddy Lebeuf et sa fille Charlotte venir prendre leur petit déjeuner comme si de rien n'était dans le boui-boui où travaille Tiana, ça me faisait tilter.

Enfin les enfants dans la salle ne devaient pas encore avoir entendu parler d'apartheid et des Jim Crow Laws, donc eux ils n'y ont pas trop fait attention! Ca a du bon parfois d'être un enfant!

Dans le même genre, le prince en question s'appelle Naveem. Il vient du royaume magnifique de Malaysia que je situerait bien en Inde. Si Charlotte, prête à tout pour épouser un prince se jette à son coup, il est dommage au final que Tiana n'épouse pas un blanc. On n'est qu'en 2010, faut pas pousser mémé dans les orties je le sais bien, mais tout de même...

Je critique, je critique mais j'ai quand même beaucoup aimé. C'est d'abord une excellente idée d'avoir choisi La Nouvelle Orléans et le bayou comme toile de fond. Outre la musique doucement jazzy et swing qui est un gros plus du film ( même si moi, mon amour éternel de chanson made in Disney c'est à Mon amour, je t'ai vu au beau milieu d'un rêve que je le réserve) ( Et allez, aux chansons du Roi Lion aussi), c'est un geste fort à mon sens d'avoir choisi une ville et une région récemment détruite par un ouragan. Et c'est aussi un bel hommage à la culture afro-américaine.
Les personnages sont tous attachants, mention spéciale pour ma part à Ray, la libellule.

Et puis tout de même saluons le message so american que fait passer Tiana : il faut travailler pour réussir. Les restaurants appartiennent à ceux qui se lèvent tôt! Ah oui, en fait c'est aussi so sarko :D

Bref un dessin animé " à l'ancienne" finement marketté mais tout de même très agréable.

mercredi 17 février 2010

Et si c'était niais ? de Pascal Fioretto

Sorti en 2007 avec la sous-titre " La rentrée littéraire assassinée!" ce livre semblait avoir tout pour me plaire car il proposait une parodie d'une foule d'auteurs français. J'en apprécie certain ( Nothomb, Beigbeder, Gavalda mais tous à petite dose) et les autres m'insuportent ( Marc Lévy!!!) ou me laissent de marbre ( Bernard Werber et ses fourmis peuvent dormir en paix, je suis tellement peu insectophile qu'il y a peu de chances que je m'interessent à eux un jour).



Eh bien c'est raté. totalement. Au bout de quelques pages j'étais déjà lassée de la parodie. Attention, elle est très bien faite! Pascal Fioretto n'en ait pas à sa première tentative, mais ça ne m'a fait aucun effet. La parodie de Marc Lévy (devenu ici Marc Levis) est aussi niaise que ses vrais écrits et j'aurais pu prendre plaisir à me moquer de bon coeur. Mais sans que je sache pourquoi, je me suis ennuyée plutôt qu'autre chose et j'ai rangé le livre dans ma bibliothèque sans jamais l'en ressortir.

Peut-être qu'un jour je me remettrais à l'ouvrage, mais avec une bonne centaine de livres en attente dont Pierre de Lune de Wilkie Collins que j'ai acheté récemment contaminée que j'étais par Ofelia, je crois que je le garderais plutôt pour montrer à mes petits enfants qu'au temps où Mamie était jeune, on savait s'amuser!

lundi 15 février 2010

Le goût des autres

Il y a dix ans ( le 1er mars 2000) sortait sur les écrans français le premier film d'Agnès Jaoui. Elle en a co-écrit le scénario avec son compagnon de longue date Jean-Pierre Bacri. Ils avaient déjà commis Cuisine et dépendances, On connait la chanson, smoking/no smoking et Un air de famille.




Comme pour faire un pied-de-nez à l'univers des blogs, le goût des autres a aussi failli être le nom de ce blog. J'aimais bien l'idée de parler de mes goûts ( et peut-être aussi mes dégoûts) culturels en tous genre dans un blog qui aurait eu un tel titre. Mais il y a déjà un blog qui s'appelle comme ça et j'ai préféré faire autre chose. Mais le titre peut à nouveau changer très vite, nous verrons bien...

Bref, je m'éparpille.
Le goût des autres est un de mes films préférés. Me voilà découverte, je n'ai rien contre la littérature française contemporaine et ce rien s'accorde aussi avec le cinéma.

Le goût des autres, c'est l'histoire d'un chef d'entreprise beauf qui tombe amoureux d'une comédienne intello qui est obligée de lui donner des cours d'anglais pour vivre. Mais c'est aussi l'histoire de son garde du corps, un ancien flic, qui lui entame une relation avec Manie, une serveuse qui est la meilleure amie de la comédienne et qui était sorti, il y a longtemps, avec le chauffeur du chef d'entreprise. On rencontre aussi une décoratrice d'intérieur qui aime un peu trop les tissus fleuris, un jeune artiste contemporain et son compagnon un peu snob ( Vladimir Yordanov qui siègera à la droite de Dieu un jour où l'autre tant il est brillant), une costumière qui en pince pour un propriétaire de bar...

Le goût des autres c'est l'histoire de mondes différents que tout oppose et qui finissent par se rencontrer, non sans heurts, et qui parfois finissent par se comprendre. Que fera la comédienne de théâtre de l'amour sincère du chef d'entreprise inculte ( Rigoletto et Verdi pour lui ce sont Juanita Banana et Henri Salvador) ? Que se passera-t'il quand l'ancien flic droit comme la justice découvrira que sa petite amie deale du shit pour ses voisins ? Le chef d'entreprise comprendra-t'il un jour qu'on se moque de lui ?

Oui toutes ces questions trouvent une réponse dans le film. Le brio des Jaoui-Bacri c'est d'avoir réalisé un film choral où tout s'emboîte parfaitement et où personne n'est épargné sans tomber dans le cruel. En fait ce film pourrait avoir comme sous-titre orgueil et préjugés.

Les acteurs sont parfaits et il est bien dommage que depuis de trop nombreuses années Gerard Lanvin se contente d'enchainer les pseudo blockbuster français. Il marche si mal que ça son bistrot à La Baule ? Ou est-ce que son fils Manu l'a ruiné en réalisant son -médiocre-premier album ?

Anecdote personnelle : Ce film m'a fait découvrir Bérénice, qui est toujours à ce jour ma pièce de théâtre préférée (prends-ça dans tes dents Beckett!)

Il y a bien un point à critiquer : le rôle de la femme de Castella, le chef d'entreprise, me fait un peu trop penser à une resucée du rôle de Catherine Frot dans Un air de Famille.

La reine du silence de Marie Nimier

Mon père a trouvé la mort un vendredi soir. Son Aston Martin s'est écrasée contre le parapet d'un pont. Je n'étais pas dans la voiture. J'avais 5 ans.
De lui, il me reste peu de souvenirs et quelques trésors : une montre qui sonne les heures, un stylo dont la plume penche à droite et cette carte postale, où il me demandait en lettres capitales :
"que dit la reine du silence ?"
Cette phrase posait une énigme impossible à résoudre pour la petite fille que j'étais, énigme cruelle et envoûtante qui résume toute la difficulté du métier d'enfant. Enigme qui, à l'époque, se formulait ainsi :
Que pourrait bien dire la Reine du silence sans y perdre son titre, et l'affection de son papa ?
Ou encore : comment, à la fois, parler et ne pas parler?
J'étais coincée. Prise au piège de l'intelligence paternelle.



Marie Nimier est une fille de. Plus précisément, elle est la fille de Roger Nimier, un écrivain de droite, comme on le précise souvent, mort en pleine gloire en 1962 alors qu'il n'avait pas 40 ans. A cette époque, les jeunes gens célèbres se plaisaient déjà à conduire trop vite des petits bolides de course. Certains comme Françoise Sagan survivaient, et d'autre comme Roger Nimier ou la très belle Françoise Dorléac se retrouvaient broyés dans des carcasses de fer made in Angleterre.

Dans la Reine du Silence, elle part à la recherche de ce père qu'elle a si peu connu puisque ses parents étaient déjà séparé lors de l'accident et qu'elle ne l'avait pas revu depuis des mois, mais aussi à la recherche de Sunsiaré de Larcône une jeune écrivaine de grande beauté qui se trouvait sur le siège passager de l'aston martin et qui est morte elle aussi dans l'accident.

Elle raconte aussi sa vie, par petite bribe. Les moments où elle écrit, les fois où elle a essayé d'être chanteuse puis un peu comédienne, les interviews dans lesquelles on lui parle de son père et où l'on veut absolument avoir son avis sur les familles d'écrivain.

Ce n'est pas un roman traditionnel, pas de suspense, pas d'introduction ni de transformation. Aucun héros n'arrive sur son cheval blanc pour aider Marie Nimier à mieux connaître son père. Aucun vieil ami du dit père ne vient faire de révélation scandaleuse. Le ton est plutôt mélancolique et réfléchi. Marie Nimier fait des allez-retour entre le moment où elle écrit, où elle pense à son père en lisant Pinnochio à ses enfants, et d'anciennes anecdotes familiales. Le tout sans que le lecteur ne soit perdu un instant. La reine du silence est clairement un roman autobiographique, mais pas linéaire pour autant, si ce n'est le fait que dans l'incipit elle a 5 ans et qu'à la dernière phrase 45 ou 46.

C'est en tout cas un de mes coup de coeur dans le domaine de la littérature française contemporaine qui est à mon humble avis, bien trop vilipendée aujourd'hui alors qu'elle recèle de petites pépites.








Related Posts with Thumbnails

  © Blogger templates Newspaper II by Ourblogtemplates.com 2008

Back to TOP